Jean Sider
10eme PLANETE ET FIN DU MONDE

 

Introduction

Une nouvelle théorie sur notre système solaire vient d'être divulguée. Une dixième planète tournerait autour de notre soleil sur une trajectoire elliptique très excentrique, ce qui la conduirait à mettre plusieurs milliers d'années pour accomplir une orbite complète. Voilà qui va donner un regain d'intérêt pour l'écrivain Zecharia Sitchin, auteur américain qui, dès 1976, avait préconisé l'existence de ce corps céleste supplémentaire.

Pour ce faire, il s'est appuyé sur des interprétations de textes vieux d'environ 6 000 ans, qui figurent sur des tablettes de caractères cunéiformes exhumées sur divers sites de l'ancienne Mésopotamie. D'après les Sumériens, premier peuple à avoir conçu un langage écrit, cette planète s'appelle Nibiru et elle accomplirait une orbite tous les 3.600 ans. (Zecharia Sitchin, The Twelfth Planet, Avon Books, New York traduction en France: La 12e Planète, Souffles, Paris, 1988, p. 257).

Or, une revue scientifique française a proposé récemment la théorie d'un astronome qui va certainement faire des remous chez les amateurs de 10è planète. Toutefois, nous ne devons pas nous réjouir pour autant, car ce corps céleste constituerait une redoutable menace, mais qui a mon sens est usurpée, j'y reviendrai.

Des astronomes au courant

Il s'agit d'une interview de l'astronome Alessandro Morbidelli, qui oeuvre à l'observatoire de la Côte d'Azur, à Nice. Voici ce qu'il a déclaré: " La ceinture de Kuiper semble s'arrêter brusquement à 50 unités astronomiques, comme si elle était tronquée. Si une planète de la taille de Mars s'était formée dans cette région au début du système solaire, elle aurait pu "nettoyer", à mesure qu'elle grossissait, l'extérieur de la ceinture de Kuiper. Puis, perturbée par son interaction avec Neptune, cette planète aurait pu être expulsée sur une orbite très allongée, dont la période pourrait se compter en milliers d'années. Je m'attends à ce qu'un jour, nous découvrions une telle planète ". (Science & Vie, février 2003, pp. 86-87).

Comme ajoute bien S & V: " En imaginant que cette planète est restée très loin du soleil pendant ces dernières centaines d'années, on comprendrait qu'aucun astronome ne l'ait jamais observée. Après tout la lunette astronomique ne date que de quatre cents ans ! ".

La même revue va jusqu'à publier un schéma montrant l'ellipse originale de cette supposée planète. Or, ce qui est vraiment étonnant, est le fait que Z. Sitchin, dans son livre édité aux Etats-Unis en 1976 et publié en français en 1988, reproduit un schéma très proche pour ne pas dire identique ! Et la légende qui accompagne le dessin de S & V précise ceci: " Une planète supplémentaire, avec une trajectoire très elliptique, pourrait exister sans que les astronomes l'aient jamais encore observée ".

D'ailleurs il semble que M. Morbidelli n'est pas le seul à avoir cette opinion, car S & V mentionne bien, page 86 " Et surtout, beaucoup d'astronomes pensent que le système solaire cache une planète supplémentaire qui n'aurait pas encore été repérée ! ".

Beaucoup ? Tiens, tiens... Pourtant, aucun d'entre eux en France, à ma connaissance, ne s'était exprimé sur ce sujet jusqu'ici. Le point d'exclamation est de S & V, pas de moi.

Est-ce que certains astronomes connaîtraient la théorie de Zecharia Sitchin ? Ou encore, est-ce que cet auteur a eu vent de la possible existence d'une 10e planète au milieu des années 1970, par l'entremise d'un astronome de ses relations ? C'est peu probable pour la première solution mais pas impossible pour la seconde. Quoi qu'il en soit, les astronomes et l'érudit américain, par des chemins totalement différents, parviennent au même résultat.

Une connaissance qui n'est pas nouvelle

D'après certaines données que j'ai pu rassembler à partir de diverses sources, l'existence de ce corps céleste aurait déjà été admise depuis au moins vingt ans. Je citerai les principales en employant le mode conditionnel à dessein car certaines d'entre elles semblent suspectes à plus d'un titre.

En janvier 1981, plusieurs journaux américains auraient annoncé que l'orbite de Pluton indique que la planète X existe bel et bien, se référant aux déclarations d'un astronome de l'U.S. Naval Observatory.

En 1982, la NASA aurait avoué la réalité de cette 10e planète dont l'orbite va bien au-delà des planètes les plus éloignées de notre soleil. Le 19 juin de cette année-là, le New York Time aurait publié un article allant dans le même sens. Le rédacteur y aurait expliqué que des forces gravitationnelles perturbent les deux planètes géantes Uranus et Neptune, ce qui provoque des irrégularités dans leur parcours orbital. Les astronomes ayant fait ce constat estiment que ces forces suggèrent la présence lointaine d'un " gros objet " ( la supposée planète X).

En 1983, c'est le Washington Post qui aurait repris un communiqué du JPL (Jet Propulsion Laboratory, excroissance de la NASA.) en date du 30 décembre. Le texte diffusé énoncerait ceci: " Un corps céleste aussi gros que Jupiter et faisant partie de notre système solaire a été découvert dans la direction de la constellation d'Orion. Cet objet a été détecté grâce à notre télescope orbital RAS (Infrared Astronomical Satellite) ".

En 1985, une " théorie Némésis " aurait commencé à circuler parmi les astronomes. Plus récemment elle aurait été proposée par Walter Alvarez, de l'Université de Californie. Elle voudrait expliquer l'extinction régulière de certaines espèces (y compris les dinosaures) par une " étoile tueuse ", ou planète qui reviendrait périodiquement en compagnie d'un essaim de météores et de petites comètes, et qui sèmerait la mort et la destruction à l'intérieur de notre système solaire.

En 1987, un diagramme serait apparu dans l'ouvrage New Science and Invention Encyclopedia, publié par H. S. Stuttman, Westport, Connecticut, Etats-Unis. Il montre la position des sondes Pioneer 10 et Pioneer 11 par rapport à deux corps célestes officiellement non répertoriés: un soleil éteint situé à 50 milliards de miles et la 10e planète située à 4,7 millions de miles. (de notre soleil). Un auteur à prendre avec des pincettes, qui reproduit ce diagramme dans son livre, prétend que la publication qui l'a révélé est crédible et respectée. (Mark Hazlewood Blindsided, Planet X passes in 2003: Earthchanges ! Brekel Group Inc., Orlando, FL, 2001, p. 17).

En août 1988, un rapport de l'astronome Richard Harrington, de l'U.S. Naval Observatory, indiquerait que la masse de ce corps céleste ferait quatre fois celle de la Terre.

En 1992, ce même Richard Harrington et son collègue Thomas van Flandern, auraient affirmé qu'il existe bien une 10e planète " intruse " dans notre système solaire. Malheureusement le décès brutal de R. Harrington aurait mis fin à des recherches déjà bien engagées à l'observatoire de U.S. Navy.

Enfin, chose sûre cette fois-ci, en février 2003 apparaît le théorie de l'astronome A. Morbidelli, citée plus haut, première du genre en France dans une revue scientifique, du moins pour autant que je sache.

Une autre information aurait été publiée en Grande-Bretagne dans les Monthly Notices of the Royal Astronomical Society du 11 octobre (année non précisée). Un Dr. John Murray y aurait admis qu'un objet 32 000 fois plus loin que la Terre, par rapport au soleil, tournait autour de ce dernier. Il aurait ajouté que cet objet est au moins aussi massif que Jupiter, et qu'il fait partie intégrante de notre système solaire depuis sa formation.

Cependant, Mark Hazlewood soutient que quatre jours plus tard les censeurs de l'establishment ont fait publier un second article qui dément les informations du premier, puis suivi d'un troisième qui donne dans la désinformation. Le hic, c'est qu'il ne fournit aucune référence concernant ces deux articles.

Un adepte de l'apocalypse

Pire, Il affirme carrément que la fin du monde surviendra en mai 2003. De plus il associe souvent les données divulguées sur les astéroïdes de la ceinture de Kuiper avec la 10e planète, ce qui est une erreur à ne pas commettre dans cette affaire. Chose ahurissante, il accorde un crédit inconditionnel à des channels (médiums) qui auraient reçu des messages télépathiques de " guides spirituels " sur une proche fin du monde. La plupart parlent de grands bouleversements dus à une étoile ou une comète, ce qui nous éloigne d'une dixième planète. Les autres ne livrent pas de causes précises. Il cite dix-sept messages, dont un seul cite 2003.

Il publie aussi 23 quatrains prophétiques calamiteux de Mother Shipton, (Ursule Southiel, en réalité) publiés en 1645 par l'astrologue W. Lilly. Mais il " oublie " de dire deux choses: 1)- Cette anglaise a annoncé la fin du monde pour 1991. 2)- Ses prophéties ont été connues avant sa naissance (Pierre Carnac, Prophéties et prophètes de tous temps, Pygmalion, Paris, 1991, pp. 234-235). Enfin, il se réfère au channel Nancy Lieder qui, en 1995, a lancé le mythe Zetatalk sur Internet. Il n'en dit que quelques lignes et soutient qu'elle est très populaire. Comment une personne qui annonce l'imminence de la fin du monde peut-elle être populaire, c'est quelque chose qui me dépasse...

Le problème, c'est que les entités qui livrent des informations aux channels ont pour habitude d'effrayer les humains avec les mensonges les plus gros. Par exemple, j'ai l'un de mes correspondants qui reçoit des messages sur sa machine à écrire depuis le milieu des années 1970. Il a reçu plusieurs fois des menaces de fin du monde. La première, en 1982, donne une date approximative se situant entre 2014 et 2015. Puis en 1985, deux messages livrent deux dates précises différentes pour 1993 ! Un quatrième, en 1989, mentionne bien 2003 mais il est précisé qu'il s'agit du 3e secret de Fatima. Les autres ne citent aucune date, et l'un d'eux dit ceci: "Toutes nos prophéties se réalisent sauf si nous décidons de remettre à plus tard le châtiment annoncé ". Il n'y a vraiment rien de solide à tirer à partir de ces prédictions contradictoires.

Comme déjà précisé, il y a au moins 6 000 ans que les Sumériens connaissaient cette 10e planète sous le nom de Nibiru, selon Zecharia Sitchin. Parce que leurs tablettes admettent être des copies d'écrits antérieurs, cette ancienneté peut encore être repoussée de plusieurs centaines d'années, peut-être même de milliers. D'autre part, les Sumériens admettaient des bouleversements au périgée de Nibiru (pluies, inondations), mais pas de fin du monde (Z. Sitchin, op. cit., pp. 252-253).

Au sujet de l'auteur très douteux Mark Hazlewood, j'ai noté un autre abus de sa part. En effet, il prétend que certains textes anciens des Indes citent un corps déleste appelé Treta Yuga, ou Kali Yuga, qui aurait une orbite de 3 600 ans, ce qui est exactement le temps que mettrait la planète Nibiru des Sumériens pour faire le tour du soleil. Or c'est absolument faux, comme nous allons le voir ci-après.

D'après le spécialiste des mythes des Indes Richard L. Thompson, Trata-Yuga n'est pas une planète mais le deuxième cycle de 3 600 ans d'une période divine de temps qui comporte quatre Yugas ou divisions. Elle totalise 12 000 années selon des textes sanskrits contenus dans les Puranas, entre autres livres. Le premier cycle, Krta-Yuga, dure 4 800 ans. Le deuxième Trata-Yuga a pris fin il y a plus de deux millénaires. Puis il y a eu les 2400 ans du troisième Dvapara Yuga, et actuellement nous sommes dans le quatrième et dernier cycle appelé Kali Yuga. Celui-là dure 1 200 ans et n'a commencé qu'en 1899. (Richard L. Thompson, Mysteries of the Sacred Universe, Govardhan Hill Publishing, Alachua, Floride, 2000, pp. 224 et 227-228).

Donc, le marchand de peur Mark Hazlewood s'est rendu coupable d'un énorme mensonge en déformant sciemment le sens des cycles Trata-Yuga et Kali-Yuga pour les adapter à son hypothèse apocalyptique.

Que disent les grandes prédictions ?

Certaines concernent également un ou plusieurs corps célestes destructeurs pour l'humanité. J'en citerai deux:

1- Chez les indiens Hopis d'Amérique du Nord, l'une d'elles dit ceci: " Un jour certaines étoiles viendront ensemble en une seule rangée, comme cela s'est déjà produit il y a des milliers d'années. C'est le temps de purification pour la Terre. Des changements de climat et de nombreuses catastrophes peuvent se produire quand nous parviendrons à ce stade. Ce qui peut se produire alors personne ne peut le savoir réellement ". Des " étoiles en une seule rangée " ? Voilà un élément qui évoque l'alignement de toutes les planètes prévu le 21 décembre 2012. D'après cette prophétie, outre d'immenses dégâts et pertes en vies humaines, ce serait le début d'une nouvelle ère glaciaire. (Thomas E. Mails, The Hopi Survival Kit, Penguin/Arcana, New York, 1997, pp. 209-210 et 214-215.)

Signalons également que les prophéties des Hopis auraient été communiquées à leurs prophètes par le Créateur lui-même. Elles peuvent ou ne peuvent pas se concrétiser. Il s'agit donc davantage de probabilités modifiables selon la volonté du Créateur ou des hommes, d'après ce que prétendent les Hopis qui les ont faites. A noter cependant que celles qui se sont réalisées sont tellement impressionnantes que le livre des prophéties des Hopis (Hotevilla) a été traduit en Français par l'Unesco (T. E. Mails, op. cit., p. 186).

2- Les prophéties des Mayas sont en gros identiques à celles des Hopis. Elles indiquent que nous sommes parvenus à la fin d'un dernier cycle d'existence pour nos civilisations. Les dates données de ce cycle correspondent pour le début au 12 août 3114 avant J. C. et au 21 décembre 2012 pour la fin. A ce moment-là notre planète est censée enregistrer de très violents séismes terriblement dévastateurs (Adrian G. Gilbert & Maurice M. Cotterell, The Mayan Prophecies, Elements Books Ltd., Boston, Mass., 1995, p.2).

Conclusion:

A chaque prétendu retour de la planète X dans l'environnement des autres planètes, des forces gravitationnelles et magnétiques s'opposeraient et provoqueraient une combinaison de facteurs aux effets dramatiques pour la Terre. Des traces des dégâts produits par ses précédents passages existeraient : séismes, raz de marée, éruptions de volcans, basculement de l'axe des pôles, terres englouties, changements climatiques, disparitions de certaines espèces animales, végétales, et communautés humaines, etc..

Toutefois, il s'agit seulement de suppositions, et non de certitudes formelles, car il existe de nombreuses autres causes naturelles connues n'ayant rien à voir avec une 10eme planète. Mais ce qui discrédite totalement cette affaire est le calcul qui a amené Mark Hazlewood à désigner cette date, mai 2003, qui est en fait arbitraire. En effet il se base sur deux arguments très sujets à caution, à savoir :

1- Des désastres antérieurs déterminés par des découvertes archéologiques. Il cite en exemple une catastrophe de grande ampleur qui aurait été datée en 1628 av. J. C. à partir de l'étude des anneaux de croissance d'un arbre fossile (Discovering/Archeology, Juillet/août1999, p. 72). Notre homme a donc supposé que cette catastrophe majeure avait été produite par la planète X à son dernier passage à proximité de la Terre, ce qui n'est absolument pas sûr du tout. Supposer n'est pas prouver, d'autant que, comme dit ci-dessus, des explications différentes peuvent être avancées (chute d'astéroïde, mouvements telluriens, anomalies climatiques de grande ampleur, etc..)

2- Puis il a ajouté 3 600 ans (durée supposée de l'orbite de la planète X) à l'année 1628 av. J. C., ce qui fait 1972 après J. C. si je sais compter. Cela ne justifie pas mai 2003, soit dit en passant. Pourquoi mai, et pourquoi 2003 à partir de ce calcul ? De plus, la prétendue orbite de 3 600 ans est d'une durée tout aussi arbitraire car pour le moment, elle n'a pas encore été établie sur des bases scientifiques rigoureuses. Du moins, rien n'a transpiré à ce sujet. Enfin, c'est un nombre qui nous vient d'une civilisation disparue, celle de Sumer, laquelle ne connaissait même pas le télescope ! Ce qui veut dire ceci: ou bien ce nombre est une invention du corps sacerdotal sumérien, ou bien il lui a été donné par ses " dieux ", ou encore il s'agit d'une mauvaise interprétation de Zecharia Sitchin. Or, dans les trois cas de figure, il y a absence totale de crédibilité.

Dès lors, spéculer sur de pareils éléments pour annoncer la fin du monde en mai 2003 est aussi insensé que d'affirmer que la Terre est sur le point d'être envahie par des Extraterrestres au physique reptilien. Ce n'est finalement qu'une rumeur alarmiste de plus, lancée par des citoyens américains irresponsables. Et le plus grave c'est qu'il y a des naïfs pour la gober sans se poser de questions.